Le cymbalum mundi de Bonaventure Des Périers est le type même du livret subversif. Les clochettes du monde en quatre contes facétieux mettent la parole en accusation.
[...] le Cymbalum Mundi a mauvaise réputation: il fait partie des livres maudits dont les pions de la moralité publique croyaient, naguère encore, devoir surveiller la lecture, car c'est un livre subversif. En plein XIXe siècle, en 1858, le procureur impérial interdisait ainsi la Revue philosophique coupable d'avoir publié des extraits du Cymbalum Mundi. L'oubli dans lequel cette œuvre est toujours maintenue prouve que la condamnation n'a pas encore été levée. [...]
Au siècle de sa parution (1537, 1538), le Cymbalum Mundi a sur un point quasiment fait l'unanimité : c'était un livret subversif. Le roi François en avait été directement informé et c'est lui qui commanda les poursuites contre l'éditeur et l'auteur anonyme. Le Parlement, saisi sur son ordre, avait déféré le cas aux Docteurs en Sorbonne qui furent obligés de constater, à regret sans doute, qu'ils n'avaient trouvé dans ce texte nulle erreur contre la foi; mais, disaient-ils, parce qu'il était subversif (perniciosus) il fallait le supprimer. Aujourd'hui encore, on peut en croire ces cerveaux à bourrelet grabeleurs de corrections, comme dira un peu plus tard Rabelais : ils flairaient de loin, jusque dans les écrits de la reine Marguerite, la protectrice de Des Périers, la moindre senteur d'hérésie. Pourtant dès ce temps, et de nos jours encore, les lecteurs, Calvin en tête, plus sorbonicoles que les sorbonagres en titre, n'ont eu de cesse de lire dans le Cymbalum Mundi un manuel d'athéisme. [...] (Yves Délègue, Le Cymbalum Mundi ou la parole en question dans Bonaventure Des Périers "Le cymbalum Mundi" Éd. Honoré Champion Paris 1995. pp. 39-40.) |
Le Cymbalum mundi |
En 1858, le procureur impérial interdisait la Revue philosophique coupable d'avoir publié des extraits du Cymbalum Mundi. |
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